Apprendre toute la vie

#valeur_ajoutée  #apprendre_toute_la_vie  #plus_d’innovation
 

Patrick Warnking, directeur de Google Suisse, nous parle de la numérisation qu’il considère comme une simplification du quotidien et la base de la démocratisation de l’opinion et de la formation.
Il nous dit également qu’elle nous libère du temps pour les choses importantes de la vie.

Texte: Sara Meier | Photos: Google Switzerland / © SLiphardt | Magazine: Homo digitalis – Juin 2018

Un été en montagne, sans téléphone ni ordinateur portable et sans wi-fi : rêve ou cauchemar ?

Réalité. Mon épouse et moi-même veillons, pour nos enfants et pour nous, à adopter des principes clairs avec tous les médias. La compétence médiatique est très importante pour moi. En même temps, l’échange personnel entre êtres humains reste un pilier de la réussite et de la satisfaction, dans le domaine privé comme professionnel.

Allez-vous personnellement encore sur Google ? Si oui, pour quoi faire ?

Oui, bien sûr, souvent même. La recherche d’informations importantes ne cesse jamais et l’apprentissage dure toute la vie. Un bon moteur de recherche affiche des liens pertinents. Mes requêtes portent majoritairement sur des thèmes pratiques : correspondances TP, heures d’ouverture, disponibilité de produits. Je consulte beaucoup de vidéos explicatives.

Pourquoi l’homme se numérise-t-il ? La numérisation est-elle une forme moderne d’évolution ?

L’homme ne se numérise pas. Mais la numérisation lui apporte un soutien au quotidien. Prenons le Smartphone ; c’est un outil qui nous fait gagner du temps, pour communiquer, pour nous informer et pour effectuer des transactions. Nous prenons et recevons des photos par son intermédiaire, écoutons de la musique, regardons des vidéos et partageons de beaux moments. Notre enjeu est de garantir pleinement la sécurité, la transparence et le contrôle aux utilisateurs. Chacun de nous doit pouvoir décider de ce qu’il fait, quand et comment. Chaque utilisateur enregistré chez Google peut programmer ces paramètres sous « Google : Mon compte ».

« Je suis inquiet face aux gens qui, soit diabolisent, soit idolâtrent sans réserve la numérisation. »

Économiquement parlant, la numérisation est synonyme de (meilleure) orientation client ou de (meilleure) convivialité. Qu’en est-il dans la vie privée ?

La numérisation doit apporter une valeur ajoutée, y compris dans la vie privée. En exécutant des tâches répétitives, elle octroie à l’être humain davantage de temps pour des choses plus importantes dans la vie.

La transition numérique contribue-t-elle à « positiver » l’avenir des hommes, et dans quelle mesure ?

Google promeut très directement la transition numérique avec, notamment, des résultats de recherche pertinents, des informations sur les TP et les pistes cyclables sur Google Maps, avec un navigateur sûr, des filtres efficaces pour préserver d’e-mails indésirables sur Gmail ou, avec Android, un bon système d’exploitation mobile. Indirectement, nous renforçons la transition numérique par des outils ou des formations gratuites pour les entreprises. Par exemple, de nombreuses PME nous demandent comment optimiser leurs sites Internet pour l’utilisation sur Smartphone. D’autres souhaitent être mieux référencées, acquérir de nouveaux clients, mieux expliquer leurs produits et leurs services par des vidéos.

Google exploite à Zurich le deuxième plus grand centre de développement au monde, en dehors des États-Unis. Pourquoi en Suisse ?

Google investit dans l’innovation. Pour réussir, nous sommes tributaires du travail de qualité d’une main-d’œuvre parfaitement formée. La Suisse dispose d’atouts qui lui permettent de répondre à ces exigences afin de contribuer à la réalisation de nos objectifs. Et ce depuis 2004 déjà, comme le rappelait le conseiller fédéral Schneider-Ammann lors de l’inauguration de ce centre, dans un discours intitulé « La Suisse et Google – une histoire d’amour » (discours en allemand : « Die Schweiz und Google – eine Liebesgeschichte »). De plus, la Suisse incarne des valeurs solides par son multilinguisme, sa culture, ses exportations et sa stabilité. Elle offre ainsi une base excellente à des logiciels « made in Switzerland » exportés dans le monde entier.

Patrick Warnking est le directeur de Google Suisse depuis 2011. Entre 2007 et 2010 il avait déjà dirigé plusieurs équipes de médias, jeux, divertissement et classified chez Google en Allemagne. Avant de travailler chez Google, il avait accompagné la mise en place du numérique chez Kirch-Gruppe et ProSieben Sat.1 Media SE, occupant la fonction de directeur commercial pour le numérique. Patrick Warnking a suivi les formations suivantes : employé de banque, employé de commerce diplômé, MBA international à Berlin, Milan, New York et Stanford Executive Program. Dans le cadre de ses formations et emplois, Patrick Warnking a vécu en Allemagne, aux États-Unis, en Italie et en Suisse.

Quelles opportunités le monde numérique apporte-t-il ?

Internet comprend des éléments démocratiques de base, tels ceux qui font le succès de la Suisse depuis des siècles. Pour moi personnellement, l’accès à une pluralité d’opinion et une certaine démocratisation de la formation, de base ou continue, sont des éléments importants de la numérisation. Notre monde devient plus démocratique, la pauvreté et l’injustice reculent.

Aujourd’hui, des millions de gens peuvent échanger par le biais d’Internet. Dans quelle mesure ce dialogue a-t-il modifié l’être humain ?

Les rencontres personnelles restent décisives, l’échange par le biais d’Internet ne peut pas les remplacer. Mais lorsqu’on se connaît, on peut ensuite échanger en ligne. Certaines utilisations de la communication en ligne sont particulièrement efficaces et efficientes : par exemple les visioconférences qui permettent de réduire les émissions de CO² puisqu’elles évitent les trajets en voiture ou en avion. La formation continue en ligne est, à mes yeux, particulièrement importante, comme celle proposée sur le site les MOOC de l’EPFL ou la Khan Academy. Ce type d’offres transforme le dialogue d’x millions de personnes de manière positive.

Comment la numérisation a-t-elle modifié votre propre vie ?

J’ai une épouse, cinq enfants, un chien et de nombreux hobbys. Avec les applications pour les photos, la musique et les clips vidéo, le tout réuni dans un appareil, la numérisation m’aide chaque jour et m’apporte souvent un sourire. J’appartiens à une génération qui a connu les cassettes de musique et de vidéo, les CD, les DVD, les disquettes et autres. Les progrès accomplis me fascinent et me réjouissent.

Inventée par les hommes, l’intelligence artificielle est-elle encore inférieure au QI humain ou le dépasse-t-elle ?

Elle sera toujours inférieure à l’intelligence humaine car il lui manque la composante émotionnelle. Le QI et le QE (quotient émotionnel) sont indissociables. C’est pourquoi je ne crois pas que l’on puisse remplacer artificiellement les valeurs et les liens entre humains. Ce que l’on désigne aujourd’hui souvent par intelligence artificielle est, de fait, une reconnaissance avancée de modèles sur la base de millions d’exemples.

Quel soutien la machine apporte-t-elle à l’homme au quotidien ? Et réciproquement ?

L’être humain pense, guide et contrôle. La machine utilise cette aide. Elle exécute ce qu’elle a appris à partir de modèles et de la répétition. L’application la plus fréquente est la reconnaissance vocale et visuelle. C’est ainsi que les médecins peuvent recourir à la reconnaissance des modèles dans le diagnostic de radiographies et améliorer la détection précoce de maladies.

Comment décrivez-vous le prototype du talent 4.0 ?

Il n’existera jamais, car les gens sont trop différents. Les aptitudes et les forces individuelles resteront déterminantes. D’une manière générale, les talents tels que la pensée analytique, la réflexion critique, l’esprit d’équipe, le respect, l’intégration des minorités et, avant tout, l’apprentissage toute la vie resteront prioritaires.

Google Switzerland est le centre de développement le plus important du groupe en dehors des États-Unis. Près de 2500 collaborateurs représentant 85 nations travaillent à Zurich sur deux sites. Ils affinent les algorithmes de la recherche Google et d’autres fonctions comme l’assistant Google ou l’agenda. Les applications cartographiques de Google ont été développées en Suisse. De plus, c’est en Suisse aussi que se trouve la plus grande équipe de développeurs de YouTube au niveau européen ainsi que le centre de recherche Google pour l’apprentissage automatique.

www.google.com

À votre avis, quelles sont les formes les plus marquantes de la numérisation ?

Celles qui permettent aux gens de faire connaissance et de dialoguer, d’économiser de l’énergie, d’exécuter des tâches répétitives, celles qui offrent des informations et du divertissement par le biais de la vidéo, qui encouragent l’innovation ou permettent la reconnaissance de modèles et la formation continue.

La numérisation fait du temps réel la principale valeur de mesure du temps social. Quid du passé, et du futur ?

Les choses sont très claires pour moi : il n’y aurait ni présent, ni futur possible sans l’expérience et les connaissances des personnes appartenant au passé et à l’histoire.

« Les capacités et les talents individuels resteront décisifs à l’avenir. »

Avez-vous des réserves face à la numérisation, et lesquelles ?

Aujourd’hui, nous sous-estimons probablement à la fois ses dangers et ses opportunités. Ce qui m’inquiète, ce sont les attitudes qui consistent soit à diaboliser la numérisation ou à l’idolâtrer sans réserve. Et j’ai de la peine lorsque l’accès à Internet est excessivement limité. Car pour moi, le côté positif prévaut, tant que nous voyons dans les hommes et dans l’humanité les principaux moteurs de succès.

Où se trouve votre espace personnel sans internet ?

À la maison, en vacances et dans la nature.

À quelle question auriez-vous toujours voulu répondre ?

« Quelle application utilisez-vous plus souvent que les applications de Google ? » Celle des CFF.

Environnement de travail tel que réinventé par Google. « Se sentir bien pour être créatif », telle est la devise.