Quels sont aujourd’hui les principaux défis de santé publique à relever ?
D’un côté, nous ne connaissons pas encore suffisamment l’être humain. Nous faisons face à quantité d’affections contre lesquelles il n’existe pas de vaccin, sans parler de celles qui sont incurables, à l’exemple des maladies auto-immunes telles que le diabète de type 1, le psoriasis, la maladie de Crohn ou la polyarthrite. En l’espèce, seule la thérapie peut aider. De l’autre côté, les coûts de la santé explosent. Le défi majeur, c’est donc de trouver un équilibre entre la recherche, nécessaire, et des coûts raisonnables.
Comment le traitement du diabète a-t-il évolué ces dernières années ?
Il s’est énormément amélioré. Le contrôle du taux de glycémie à partir d’une goutte de sang et à l’aide d’une bandelette réactive, notamment, a beaucoup gagné en précision. Sur la base du résultat, le diabétique peut calculer le volume d’insuline à s’injecter. De nouvelles technologies ont émergé entretemps, qui permettent une mesure continue de la glycémie, moyennant toutefois un temps de retard. Là encore, le système est perfectible.
« Vu le nombre croissant de diabétiques dans le monde, la demande de nos produits va sans doute encore augmenter. »
Quel est le rôle de la science là-dedans ?
Elle tente de comprendre la maladie et d’établir des formes thérapeutiques nouvelles. Si,dans le cas du diabète de type 2 par exemple, le pancréas sécrète trop d’insuline, il est possible de retarder l’insulinothérapie plusieurs années par un régime ciblé, une culture physique et des comprimés. Sinon, la technique médicale n’en est qu’à ses balbutiements, même après plus de 50 ans de recherche & développement.
En l’espèce, quelles actions Ypsomed entreprend-elle ?
Chez nous, plus de 120 ingénieurs travaillent, qui à la recherche, qui au développement, sur des concepts inédits et des solutions nouvelles au centre desquels figurent les stylos pour diabétiques et les auto-injecteurs de nouveaux médicaments pour diverses indications thérapeutiques. Notre objectif est en outre d’aboutir à une automation plus poussée. À cette fin, nous allons coupler la pompe à insuline à la mesure du taux de glycémie. Ce dernier chiffre sera directement communiqué à la pompe, qui déclenchera alors la perfusion.
Comment suivez-vous les tendances du marché pour les intégrer à de nouveaux produits ?
Nous sommes présents au sein de nombreuses instances, nous voyageons beaucoup et entretenons des contrats étroits avec nos clients, ce qui nous permet de repérer les tendances du moment. Un exemple : à mon entrée dans la société, nous vendions des projets en réaction à des demandes émanant de l’industrie pharmaceutique. Il nous fallait alors jusqu’à quatre ans pour livrer le produit. Nous avons changé de stratégie commerciale : nous avons démarché les sociétés pharmaceutiques et analysé leur « pipeline ». À partir de là, nous avons développé une douzaine de plates-formes de système d’injection qu’il nous suffit d’adapter aux exigences spécifiques à telle ou telle requête. Ainsi, le processus de mise en œuvre ne dure plus que quelques mois, est bien meilleur marché et présente des risques moindres pour le client.
Quels sont vos liens avec les groupes pharmaceutiques ?
Nous sommes plus que mariés avec eux, une séparation est quasiment exclue. Quand un groupe pharmaceutique sollicite l’agrément des autorités pour un médicament, notre stylo fait en effet partie intégrante du dossier. Cet appareil ne peut plus ensuite être échangé. À l’heure actuelle, nous remportons sept à huit appels d’offres sur dix. Je suis donc tout à fait confiant en notre avenir.
Où Ypsomed se situera-t-elle dans dix ans ?
Vu le nombre croissant de diabétiques dans le monde, la demande de nos produits va sans doute encore augmenter. S’ajoute à cela la technologie dite du « nuage » (cloud computing), qui contribuera grandement à améliorer les thérapies. Les caisses-maladie ou les médecins, par exemple, pourraient ainsi observer la réussite d’un traitement et rappeler leurs assurés à la nécessité d’une injection. Cette pression exogène conduira à une meilleure maîtrise du diabète.
Allez-vous développer vous-même un cloud ?
Nous en avons déjà un avec l’application « mylife Cloud », qui est reliée à la pompe à insuline. Les services cloud s’achètent et il faut les adapter à ses besoins. Concernant les stylos, il nous faut d’abord établir notre stratégie commerciale et démontrer aux sociétés pharmaceutiques qu’il est possible d’améliorer la thérapie avec des données supplémentaires. Grâce à nos services cloud, nous développons un nouveau marché. Dans cinq ans, j’en suis convaincu, nous vendrons les premiers produits et services dans ce domaine.