De son bureau, meublé de blanc et de bois clair, situé à l’avant-dernier étage d’un simple bâtiment fonctionnel du côté du Grand-Bâle, la rectrice a toute la ville à ses pieds lorsqu’elle regarde par la fenêtre. Au loin se dresse la Roche Tower, à ce jour le plus haut gratte-ciel de Suisse. L’immeuble du Petersgraben abrite non seulement le rectorat mais aussi la Basler Handelsgesellschaft et l’Association professionnelle Interpharma.
Nous parlons de clients. À la question de savoir quelle pourrait être la clientèle d’une université, la rectrice réfléchit brièvement. Clientèle ? « Non, nous ne parlons pas de clients, mais de nos parties prenantes, de nos acteurs », répond-elle. Pour cette vénérable institution de 558 ans, il s’agit des étudiants, des assistants du corps intermédiaire inférieur et supérieur et des professeures et professeurs ainsi que du personnel technique, en partie hautement qualifié, sans lequel aucune recherche ni aucun enseignement ne serait possible.
Mais la rectrice entretient également un contact étroit avec des interlocuteurs externes. D’abord, l’exécutif et le législatif des cantons responsables que sont Bâle-Ville et Bâle-Campagne. Ensuite, les pouvoirs publics, les médias, d’autres institutions de formation, des partenaires de recherche et des tiers bailleurs de fonds ainsi que des soutiens privés qui sont aussi des parties prenantes de l’université. Sans oublier les fournisseurs et les prestataires de toutes sortes qui contribuent au fonctionnement de cette grande institution. Et, même si le débat sur les équipements et les moyens n’est pas toujours facile, Andrea Schenker-Wicki affirme avoir « le plus grand respect pour le travail des politiques ».
« Importance croissante des connaissances. »
Peut-être les quelque 13’000 étudiantes et étudiants pourraient-ils correspondre le mieux à la notion de clients puisqu’ils arrivent avec une demande (de formation) et qu’ils paient pour cela. Pour autant, la rectrice ne se résout pas non plus à les nommer comme tels. Car apprendre est un acte personnel qui sert au développement personnel. Le savoir n’est pas une marchandise ; transmettre des connaissances n’est pas une prestation de service au sens traditionnel du terme, nous dit-elle.
Des projets de recherche transparents
En Suisse, l’Université de Bâle compte parmi les leaders en matière d’acquisition de financements externes pour des projets de recherche. La proximité avec des entreprises internationales du secteur de la pharma et de la chimie, qui ont concentré une partie de leur propre recherche dans la ville rhénane est un avantage. « Notre prospérité future dépend aussi de ce que les universités apportent. Elles sont des moteurs de croissance pour leur région et pour la société dans son ensemble », poursuit la rectrice avec conviction.
Pour illustrer son propos, Andrea Schenker-Wicki cite le nouvel institut ophtalmologique créé avec Novartis. Une chance unique, car cet établissement abrite aussi bien la recherche fondamentale et clinique que le développement proche de produits.
L’Université de Bâle dispose d’un règlement de sponsoring complet pour encourager les projets de recherche, « l’un des plus stricts en Suisse ». Les contrats avec des partenaires externes sont publics et peuvent être consultés. Le rectorat s’engage ici pour une transparence totale et veille à l’indépendance lors de la constitution des organes.