Écho mondial d’un sauvetage dans l’Eiger
En bientôt 50 ans d’existence, Air Zermatt a largement contribué à accélérer le secours en montagne et à le rendre plus sûr. Beat Perren, le fondateur de l’entreprise, a amélioré notamment les interventions par ses nombreuses innovations. Par exemple lors du premier sauvetage d’alpinistes, dans la face Nord de l’Eiger, à l’aide d’un hélicoptère et d’une « longline » qui a suscité un écho mondial. « Auparavant, une telle intervention nécessitait la présence de presque 30 personnes qui s’encordaient et descendaient du sommet jusqu’aux blessés. Cela durait très longtemps. La longline a réduit le temps d’intervention à une demi-heure aujourd’hui », nous dit Biner. Air Zermatt a également développé un trépied pour le sauvetage en crevasse. Des innovations utilisées désormais dans le monde entier.
« Aucune prouesse technique ne nous permet, aujourd’hui, de pouvoir être opérationnels 24 heures sur 24 et par tous les temps. »
Malgré les progrès techniques, le secours en montagne a des limites. « Elles s’imposent lorsque l’on doit prendre un risque en toute conscience », explique Biner. Il est difficile de dire à quel moment ce point est atteint. « Mais par exemple, lorsqu’on doit voler sous une avalanche de glace pour sauver quelqu’un, la limite est sans doute dépassée », précise-t-il. En cas de doute, l’action est interrompue et on cherche une autre solution. « Il nous est arrivé de monter à pied sur le Weisshorn, parce qu’on ne pouvait pas faire autrement. » Pour apprécier de tels risques à leur juste valeur, il faut des années d’expérience. Pour autant, rien n’exclut que l’on puisse vivre des situations périlleuses dans lesquelles les sauveteurs doivent vraiment compter sur leur bonne étoile. « Souvent, nous ne le réalisons qu’après l’intervention », dit Biner qui a derrière lui une carrière de bientôt 30 ans comme pilote sauveteur et qui a lui-même déjà survécu à un crash.
Rester à la pointe de l’innovation
Parfois, toute aide arrive trop tard. C’est avant tout le mauvais temps qui peut empêcher une intervention. « Aucune prouesse technique ne nous permet, aujourd’hui, de pouvoir être opérationnels 24 heures sur 24 et par tous les temps », reconnaît Biner. La Rega, qui travaille en étroite collaboration avec Air Zermatt, aimerait y parvenir. Les Valaisans ont des plans comparativement plus modestes mais qui pourraient une fois encore faire avancer le secours en montagne. Par exemple, l’entreprise est impliquée dans le développement d’un hélicoptère entièrement repensé. Elle participe aussi, dans le domaine de la médecine d’urgence, au projet « Null negativ » qui doit permettre de donner du véritable sang aux blessés sur place plutôt qu’un produit de remplacement.
« Nous investissons l’argent de ces activités de niche dans l’entreprise de sauvetage, déficitaire en raison des coûts élevés des interventions. »
Tout comme la technique, Air Zermatt a également énormément changé depuis sa fondation. L’idée de base, celle de garantir des services de secours aérien, est restée. Mais entretemps, l’entreprise a aussi investi des créneaux comme les vols avec passagers et les vols de plaisance. Les vols de transport pour les chantiers de montagne (pare-avalanches ou restaurants) sont devenus une activité lucrative pour l’entreprise. Tout récemment, un centre de formation et d’entraînement pour transmettre le savoir-faire est venu compléter l’offre. « Nous investissons l’argent de ces activités dans l’entreprise de sauvetage, déficitaire en raison des coûts élevés des interventions », dit Biner. Mais l’offre élargie permet à l’entreprise d’être en suffisamment bonne santé pour pouvoir investir dans une nouvelle construction à Zermatt. Lorsqu’on l’interroge sur l’avenir du secours aérien, Biner répond : « Nous ne savons pas où nous allons. » Il faut sans doute envisager l’utilisation de drones ou d’autres systèmes de propulsion pour les hélicoptères. Mais ces technologies n’en sont encore qu’à leurs premiers balbutiements. « Une chose est sûre, nous devons rester à la pointe de l’innovation. »