Sur les traces des hackers

Texte: Rédaction magazine ceo | Photos: Markus Bertschi | Magazine: Confiance dans l’ère numérique – Décembre 2017


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Martin Bosshardt, CEO d’Open Systems à Zurich, assure la sécurité de l’infrastructure informatique de ses clients, en recourant aux connaissances d’experts et aux robots. La virulence des risques présentés par les ­hackers et les virus ne justifie pas que l’on sème la crainte. Il faut rétablir la confiance, nous dit l’ingénieur EPFZ.

Des parois de verre créent la transparence dans le bâtiment industriel. Derrière une vitre aussi haute que la pièce, une gigantesque carte du monde est suspendue. Des points lumineux et des chiffres clignotants indiquent les endroits où il faut intervenir et dans quelle mesure. De l’autre côté, derrière une vitre aussi, deux jeunes techniciens sont concentrés sur leurs écrans.

Le Mission-Control-Center d’Open Systems n’a pas besoin de murs épais, de surveillance vidéo ni de portes équipées d’alarme. Chacun peut observer le travail de contrôle qui s’effectue. L’entreprise renonce délibérément au scénario de peur qui règne habituellement dans l’industrie de la sécurité.

« La transparence est un facteur fondamental pour nous », dit Martin Bosshardt. Le CEO de la société qui travaille dans l’Enterprise Security à Zurich, considère que les parois de verre, comme le choix des mots, contribuent à instaurer la confiance dans la technologie complexe. « Nos client doivent pouvoir travailler sans crainte », poursuit-il.

Martin Bosshardt, né en 1968, est le CEO d’Open Systems dont le siège est à Zurich et qui exploite des succursales à New York et à Sydney. Avant de venir chez Open Systems, il avait travaillé notamment pour ABB et Young & Rubicam. Marié et père de deux garçons, il habite dans le canton de Zurich.

La mission des spécialistes d’Open Systems est de garder le contrôle des risques et, le cas échéant, de réagir sans délai. Ici aussi, la transparence consiste à ce que tous les acteurs impliqués puissent savoir à chaque instant, grâce à des « audit trails », où des faiblesses ont été identifiées dans les systèmes et comment les mécanismes de contrôle agissent, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.

« Nous nous démarquons des autres non par la technique, mais par nos collaborateurs et par la manière dont ils utilisent la technologie », nous dit l’ingénieur EPFZ de 49 ans qui dirige depuis 15 ans désormais Opens ­Systems SA, société indépendante des fabricants et des fournisseurs d’accès. L’entreprise fondée en 1990 apporte son soutien à de nombreuses entreprises actives à l’international, soit près d’un million d’utilisateurs dans 180 pays, dans des questions de sécurité, de performance et de contrôle des réseaux, d’infrastructures et d’applications informatiques.

« Les intentions des hackers qui attaquent l’infrastructure des clients sont désormais clairement criminelles. »

« Les intentions des hackers qui attaquent l’infrastructure des clients sont désormais clairement criminelles », dit Bosshardt. Le vol de données, les actions concertées visant la paralysie des applications ou l’introduction de virus et de maliciels ne seraient que la pointe de l’iceberg. Des cas comme l’attaque WannayCry du mois de mai dernier, qui a paralysé dans plus de 150 pays des ordinateurs ainsi que des institutions aussi vitales que les hôpitaux, illustrent l’ampleur des risques.

La dépendance plus grande que jamais de la technique informatique est également un point de vulnérabilité majeur. Dans les groupes internationaux, il existe aujourd’hui des douzaines de systèmes d’exploitation différents, ajoute Bosshardt. Le nombre d’applications dans les réseaux édifiés chacun pour soi se monte souvent à plusieurs centaines. En même temps, la performance des systèmes augmente de manière exponentielle. « Nous développons le logiciel qui permet aux autres logiciels de bien fonctionner », poursuit-il. L’objectif est d’automatiser largement la protection. Des robots sont capables de résoudre quatre pannes sur cinq.

Open Systems SA, domicilié à Zurich et détenant des filiales à New York et à Sydney, est un prestataire indépendant de solutions de sécurité pour l’infrastructure informatique d’entreprise. 150 employés hautement qualifiés apportent à leurs clients un soutien et un service 24 heures sur 24. C’est par hasard, nous dit le CEO, que Zurich est devenu le siège d’Open Systems. La proximité des universités et la grande densité de sièges sociaux de groupes internationaux de l’industrie et de la finance ont permis à l’entreprise d’acquérir des références importantes dans sa phase de croissance. En 2011, elle a reçu du Swiss Venture Club la récompense d’entreprise de l’année. En juin 2017, l’investisseur financier suédois EQT a acquis la majorité des actions d’Open Systems.

www.open.ch

Bosshardt, qui a étudié l’électrotechnique, aime à comparer l’infrastructure informatique à la production et à la distribution d’énergie, tout aussi fondamentale au bon fonctionnement de l’économie que l’informatique. Lorsqu’une erreur critique est identifiée par les systèmes, la première règle est de garder son calme et d’aménager une issue de secours. « S’il le faut, les applications peuvent être interrompues brièvement, le temps de combler la lacune ou de réparer le dommage », dit Bosshardt. Généralement, on constitue une force opérationnelle qui estime la situation et tente d’identifier les modèles d’attaque.

Il est indispensable de beaucoup communiquer avec le client dans de telles situations. « Nous proposons un service que nos clients ne pourraient pas fournir eux-mêmes », dit le CEO. Pour en faire la preuve, il faut avant tout de la franchise et de la transparence. C’est aussi à cela que servent les parois de verre au siège de l’entreprise.

« La transparence est un facteur fondamental pour nous : nos client doivent pouvoir travailler sans crainte. »

Martin Bosshardt
Questions brèves – réponses brèves

Quelle est votre application favorite ?
Spark, une application qui gère mes e-mails de façon intelligente.

Vous souvenez-vous du modèle de votre premier téléphone portable ?
Oui, c’était un Motorola StarTAC, le premier téléphone mobile à clapet.

Quel fond d’écran avez-vous sur votre téléphone ou votre ordinateur portable ?
Une paroi de bois. Elle me rappelle notre maison de vacances dans les montagnes.

Quels mots associez-vous spontanément à la notion de « confiance » ?
Intégrité, loyauté et authenticité.

« La confiance, c’est bien, le contrôle, c’est mieux » – comment concilier les deux ?
La grande complexité de notre métier requiert une immense expertise. Nous avons entièrement confiance dans nos collaborateurs qui maîtrisent leurs tâches et comprennent les problèmes. Il est important, et c’est ce que nous essayons de faire, de créer et d’encourager une culture d’entreprise qui repose sur la confiance et l’estime réciproques. Cela peut prendre des formes subtiles, par exemple dans le choix des mots ou la manière de contrôler, ou encore dans les mécanismes de contrôle que nous instaurons.

Votre domaine de travail est hautement technologique et complexe. Peut-on se fier à la technique ?
La confiance dans les machines se construit pas à pas. Il ne faut pas oublier qu’ici aussi, c’est l’homme qui joue le premier rôle et qui rend la technique maîtrisable.